Vous êtes peut-être déjà prévenus par les établissements scolaires de vos enfants, il y aura grève ce jeudi dans l'enseignement, une grève en front commun syndical. Il faut dire que le ras le bol est généralisé dans le monde scolaire, pour plusieurs raisons.
Bien sûr il y a la crise sanitaire, mais le mal être est beaucoup plus profond. Exemple en compagnie de professeurs et de la directrice de l'Institut Saint-Jospeh à Saint-Ghislain.
Respect et écoute font partie de la devise de l'Institut Saint-Jospeh de Saint-Ghislain. Respect et écoute c'est entr'autres ce que réclament tant les directions que les enseignants des établissements qui participeront à la grève de jeudi. Si pour l'heure le nombre de grévistes n'est pas encore arrêté, le mouvement d'humeur est largement soutenu.
« Je ne me suis pas encore décidée mais sur le fond je soutiens à 100% la démarche. Ca fait longtemps qu'on est plus chochouté dans l'enseignement. Je pense que les revendications sont justes », souligne Céline Parisel, professeur de français à l'Institut Saint-Jospeh.
« Ca fait longtemps qu'on a plus fait grève, ca fait longtemps que ça s'accumule, ça fait longtemps qu'il y a des revendications qui ne sont pas entendues et en plus, les deux ans de Covid qui s'ajoutent à ce qui était déjà présent et difficile à vivre. C'est la situation covid qui fait que l'on doit dire stop. On est pas adaptable ni flexible à volonté », insisite Marie hainaut, professeur 'histoire/géo et déléguée CSC à l'Institut Saint-Joseph.
Image
La direction qui sera fidèle au poste quoiqu'il arrive pour organiser les cours soutient elle aussi le mouvement.
« Beaucoup de revendications sont justifiées. Il y a un ras-le-bol qui était déjà présent avant la période Covid avec beaucoup de chantiers qui s'étaient mis en route. Avec la période Covid, les enseignants sont soumis à des changements perpétuels que l'on apprend le dimanche pour le lundi », renchérit Delphine Boucart, directrice de l'Institut Saint-Jospeh.
Au-delà de la situation sanitaire, c'est l'organisation même de l'école qui va être bousculée dans les années à venir, notamment à cause de la mise en oeuvre progressive du pacte d'excellence. Le manque de dialogue à ce sujet est pointé du doigt.
« Ce sont les réformes qui me font peur car elles se mettent en place sans qu'on ait vraiment l'occasion de prendre connaissance des textes, de donner notre avis. On ne se sent pas non plus écouté, ni entendu par la Ministre. Moi, ce sont essentiellement les réformes mises en place par rapport au pacte d'excellence qui me posent questions » indique Marie Hainaut.
Concrètement, c'est aussi la réorganisation de l'année scolaire, uniquement dans l'enseignement francophone, qui est sur la sellette. Là aussi le manque d'information est criant.
« On entend parler dans la presse du rythme scolaire avec des informations que l'on reçoit par la presse. On ne sait pas encore très bien comment l'année scolaire va s'organiser l'an prochain puisqu'on n'a pas encore assez d'informations pour la prévoir », explique Delphine Boucart.
Plus largement, c'est l'enseignement lui-même qui est en péril pour différentes raisons.
« Le métier est en péril car il y a pénurie, le métier est en péril puisqu'il y a l'allongement de la durée de la formation, le métier est en péril car on va nous demander plus de pédagogique et plus d'adaptations aux élèves en difficulté. Le métier risque de changer dans quelques années », conclut Marie Hainaut.
Pour espérer être entendus, les enseignants manifesteront à Bruxelles ce jeudi devant le siège de la fédération Wallonie-Bruxelles. La mobilisation concernent tous les réseaux et tous les syndicats, en front commun.