C'est le dernier jour pour les fouilles archéologiques menées au centre de Mons, sur le site de ce qui fût l'Abbaye du Val des écoliers.
Débutées en avril, ces fouilles avaient pour but de dégager un maximum d'éléments pour reconstituer l'histoire de l'abbaye, une histoire qui a débuté à la fin du 13è siècle. Depuis mai, c'est la découverte de dizaines de cercueils qui a monopolisé l'attention des archéologues et anthropologues.
« On a maintenant un peu plus de 50 sépultures qui ont été trouvées, prélevées et enregistrées avec les techniques les plus récentes, de quoi avoir le plus d'informations possibles », détaille Corentin Massart, archéologue pour l'asbl Recherches et Prospections archéologiques.
Ce travail minutieux est confié à des anthropologues qui tentent d'en savoir plus sur les populations enterrées dans le cloître de l'abbaye.
« L'objectif principal c'est de dégager le maximum pour voir le squelette le mieux possible. De cette façon, on peut reconstruire la position initiale de l'inhumation et avoir des informations sur les pratiques funéraires de l'époque. Ensuite, les études biologiques permettront d'en savoir plus sur l'âge des individus, leur sexe, leur stature, voir aussi l'état sanitaire », précise Arwa Kharobi, anthropolgue.
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D'après les premiers éléments, il apparaît qu'un squelette serait de sexe féminin, ce qui peut étonner dans le cloître d'une abbaye de chanoines. Mais toute énigme a bien sûr son explication, encore à peaufiner...
« On peut aussi avoir des donateurs qui ont fait don à l'abbaye soit d'argent ou de possessions. Ils ont alors l'autorisation d'être enterré dans le cloître. Il est possible que l'on ait ces populations-là », poursuit Corentin Massart.
Outre l'étude de la population, les archéologues cherchent aussi à en savoir plus sur le type de cercueils utilisés aux différentes époques. Ils dégagent et conservent précieusement certaines planches, avec parfois des éléments appartenant aux personnes inhumées.
« On prélève des parties de cercueil pour savoir quel type d'essence de bois était utilisée et aussi la technique de construction. Sur certaines planches, on a des éléments plus exceptionnels, comme des semelles de bottes en cuir qui vont jusqu'au niveau des genoux », montre Corentin Massart.
C'est le milieu aqueux qui a permis de conserver ces détails, ce qui n'est pas toujours le cas.
Outre les renseignements sur les occupants des lieux, les fouilles ont aussi permis de dégager quelques pièces de l'ancienne abbaye.
« On a eu pas mal d'informations relatives au développement des cuisine, du réfectoire et des annexes du cloître. Ce sera intéressant pour la connaissance de l'évolution de l'abbaye et le mode de vie qui s'y est déroulé », conclut l'archéologue.
Aujourd'hui, toutes ces traces, finement relevées et photographiées, ont été recouvertes. Après avoir refermé le chantier qui les aura occupés près de 4 mois, les archéologues vont maintenant étudier tous les renseignements consignés. De quoi écrire une nouvelle page de l'histoire de l'abbaye du Val des Ecoliers.