Si vous déambulez parfois dans les rues du centre de Mons, A la tête Saint-Jean, un immeuble situé au 9 rue de la Clé, a dû attirer votre attention. La façade, classée, date de 1766 mais quand on pousse la porte du bâtiment, toujours en rénovation, on remonte le temps.
L'intérieur de la maison date du 16è siècle, comme en atteste notamment l'escalier particulier qui fait tout l'attrait du lieu.
"L'escalier , il est d'une pièce et d'un seul tenant avec un seul mât, du rez-de-chaussée jusqu'au grenier. Il fait plus de 8,70 mètres de haut! Il a été installé avant qu'on ne construise la maison, évidemment", détaille Cecile Ansieau, Archéologue à l'Agence wallonne du Patrimoine.
Depuis le rachat du bâtiment par un privé, les travaux se succèdent pour laisser apparaître les traces du passé. Les archéologues scrutent toutes les étapes pour pouvoir garder un maximum d'éléments. Pour décrypter le bâti, l'équipe de l'Agence wallonne du Patrimoine a d'ailleurs fouillé quelques mètres carrés au rez-de-chaussée.
" On est tombé sur un mur beaucoup plus épais, contre lequel la cave est venue s'appuyer. Mais c'est un mur qui est vraisemblablement plus ancien que la maison et qui a peut-être quelques chose à voir avec l'hôtel de la clé ou en tout cas les parcelles anciennes, d'avant l'ouverture de la rue au 16è siècle" , poursuit Cécile Ansieau.
C'est bien-là l'objectif de l'intervention, pouvoir reconstituer le passé. "Si on a l'occasion pour d'autres maisons, d'autres arrière-cours ,de faire des sondages comme ici, cela donnera une meilleure vue de la topographie et des aménagements ou réaménagements au cours du temps de cette partie de Mons." explique l'archéologue.
A terme, la Tête Saint-Jean deviendra une habitation, une habitation de caractère puisque la quasi-totalité des éléments du passé ont été préservés.
"La façade bien sûr, la charpente, les châssis du premier et du deuxième étage ont été conservés et restaurés le plus soigneusement possible. Ceux du premier étage datent du 19è siècle, ceux du deuxième du 18è! Ce qui est conservés également, ce sont les plafonds, les planchers aussi et les solives", énonce Gérard Bavay, historien et maître d'oeuvre des travaux de restauration.
La cage d'escalier séculaire a elle aussi été préservée. A l'époque, elle était extérieure. Les fouilles ont d'ailleurs permis de trouver une fenêtre qui permettait de l'éclairer. Les travaux d'aménagement devraient s'achever cette année.