Retour sur la polémique autour des travaux de restauration des oeuvres de la Collégiale Sainte-Waudru. L'Institut Royal du Patrimoine Artistique a rédigé un premier rapport visant à évaluer l'ampleur des dégâts. Une vingtaine d'oeuvres seraient abîmées...
Dans leur premier rapport qui est juste un premier aperçu, les experts de l’IRPA constatent que des parties d’autel et des statues de bois ont été repeintes tandis que des oeuvres en pierre ont été poncées. Entre 20 et 30 pièces seraient abîmées.
" Les oeuvres les plus amochées sont celles qui ont été repeintes. C'est frappant de voir tout à coup des parties d'une sculpture ou d'un autel qui sont éclatantes, toutes blanches, alors que ça n'a rien à voir avec l'oeuvre originale", regrette Camille De Clercq, responsable du département conservation & restauration de l'IRPA.
Couvrant l’ensemble du patrimoine belge, l’IRPA ne peut être au courant de l’état de toutes les oeuvres du pays. L’institut fédéral est également toujours mandaté pour une restauration.
" Il y a toujours une demande de la Fabrique d'église, de l'AWAP, de la Ministre ou même de plusieurs instances. Elles font une demande pour une étude préalable et ensuite une restauration. Dans ce cas précis, nous n'avons reçu aucune demande ! " tient à préciser la responsable du département conservation & restauration de l'IRPA
Partant d’analyses précises, la restauration est un processus de longue haleine qui tente avant tout de conserver les oeuvres dans leur état d’origine. En témoigne ce travail méticuleux sur cette statue de St Antoine, datant du XIVème siècle. Cette oeuvre classée qui fait partie des trésors de Wallonie est conservée dans la chapelle d'Havré.
" Cette statue présente une polychromie qui date probablement du XIXème siècle et qui est très différente de celle d'origine. On observe dans les lacunes qu'il y a au moins deux couches sous-jacentes différentes. L'habit d'autrefois était donc bleuâtre et non de couleur brune comme aujourd'hui. On va conserver la polychromie du XIXème siècle en la refixant et ensuite, on peut éventuellement atténuer les lacunes", poursuit la conservatrice passionnée et très concentrée sur son travail.
Pour ce faire, elle utilise toujours des produits réversibles, comme l'aquarelle, la peinture acrylique ou à l'eau. Ce qui est important, c'est de ne pas utiliser la même peinture que celle qui a servi autrefois.
"Quand on utilise les mêmes matières et qu'on veut les enlever par après, on risque d'endommager les couches plus anciennes", conclut Camille De Clercq.
Et c’est bien ce qui s’est produit pour les oeuvres de la Collégiale Sainte-Waudru. L’ampleur des dégâts n’a pas encore été chiffrée. L’IRPA et l’AWAP se réuniront très prochainement pour déterminer la suite des démarches.
Site web de l'Institut Royal du Patrimoine Artistique