Soixante pédopsychiatres ont publié une carte blanche. Ils tirent la sonnette d’alarme concernant la santé mentale de nos jeunes. Ils sont de plus en plus nombreux à pousser la porte d’un cabinet en vue d’un soutien psychologique. Notre invité ce soir est Noémy Gérard, pédopsychiatre à Mons. Elle a signé cette carte blanche.
"Nous avons l'habitude d'avoir de nombreuses demandes auxquelles nous ne savons pas répondre. Mais depuis le mois de novembre, ça explose. Nous sommes obligés de refuser des prises en charge de l'ordre de 5 à 10 par jour. Ce qui est énorme. Et malheureusement, nous n'avons pas beaucoup de possibilités de relais pour les réorienter."
Les mots utilisés dans cette carte blanche sont forts. Les pédopsychiatres parlent d'adolescents en souffrance et même de dépression pour certains. Quand d'autres basculent dans des comportements inquiétants: ils développent des angoisses liées à l'hygiène et même des TOC.
"Les adolescents arrivent avec les mêmes symptômes: de la tristesse, du manque d'intérêt, des troubles du sommeil, un manque d'appétit, un manque de motivation. Donc on peut évidemment parler de souffrance psychologique. Les 13 - 18 ans ont besoin d'aller à l'école, d'avoir une activité, ils ont besoin de se retrouver en dehors du foyer familial pour pouvoir se confronter et se mettre en compétition les uns avec les autres. C'est très important pour leur développement."
Pour les pédopsychiatres, c'est clair, l'école et les sports, même s'ils sont restreints, restent des bulles d'oxygène essentielles à leur bien être. Et si à un moment donné, les parents détectent un comportement étrange de la part de leur enfant ou de leur ado, un conseil: ouvrir le dialogue et discuter de ce mal être.
"Être à l'écoute, être dans la présence et dans la communication. Eventuellement proposer une aide d'une tierce personne à leur adolescent en leur expliquant que s'ils veulent en parler c'est possible. Ce n'est pas toujours facile de se confier aux proches parents donc nos entretiens servent à ça."