Situation inédite en basket féminin où une équipe a été privée du titre de champion de Belgique à cause du covid! Il s'agit des Castors Braine, l'équipe de la boussutoise Marjorie Carpréaux.
Ce mercredi soir, son équipe devait jouer la finale du championnat de Belgique face à Namur mais la rencontre a été annulée car sept joueuses brainoises étaient positives au covid. Pas de finale et surtout pas de titre pour les Castors car la fédération a décidé de designer championne les namuroises. Les Castors Braine et Marjorie Carpréaux étaient évidemment très déçues de cette issue. On a fait le point avec Marjorie Carpréaux pour comprendre cette situation dans une grosse interview.
Marjorie, c'est une situation inédite dans le basket féminin. Vous êtes privée du titre à cause de cas covid positifs dans l'équipe. J'imagine qu'il y a beaucoup de déception ?
"Oui c'est sûr! Cela fait 12 jours que les premiers cas covid sont arrivés dans l'équipe. Malgré 2 cas covid, on avait pu affronter Liège Panthers en demi-finale de playoffs sans problèmes. Juste après ça, on a eu deux nouveaux cas et on était donc dans l'incertitude de jouer la finale depuis une dizaine de jours. A cause de cela, on a préparé ces finales dans des conditions particulières car on ne pouvait pas s'entraîner avec des contacts. Ce mercredi, jour de finale, nous n'étions plus que 6 joueuses opérationnelles : 5 pro et une jeune. En tant que capitaine et leader, je voulais absolument jouer cette rencontre car nous avions notre 5 de base et nous pouvions rivaliser avec Namur. Malheureusement, le matin du match, la jeune qui était venue pour compléter l'effectif a également été testée positive. Dans ces conditions, et comme nous étions considérées comme "cas contacts", nous ne pouvions plus jouer! Ce n'est pas une question de volonté mais si on jouait, on prenait le risque de potentiellement contaminer les joueuses de Namur. Evidemment, il y a eu beaucoup de déception et je vous avoue que nous avons pleurés dans le vestiaire! Nous sommes invaincues en championnat, nous avons gagné nos 20 matchs, nous nous étions préparées pour cette grande finale et le jour J, on nous apprend que la rencontre est annulée et qu'on ne peut pas jouer. C'est très difficile d'apprendre ça! De plus, la Fédération décide à 12h qu'aucun champion ne sera déclaré. Mais à 18h, elle change d'avis et déclare Namur champion. C'était vraiment une journée de merde!"
Vu les conditions, j'imagine que c'est encore plus difficile à accepter ?
"Evidemment! Il faut savoir qu'avant de débuter les playoffs, des règles ont été signées par tous les présidents des clubs. Mais on voit bien que ces règles n'ont pas été respectées à la ligne. L'une de ces règles étaient notamment que la saison devait être entièrement terminée avant de débuter les playoffs or nous n'avons pas joué les 2 dernières journées. J'ai également appris qu'une fille du SKW est partie en Espagne et n'a pas observé de quarantaine à son retour. Au contraire, d'une fille de Namur transférée de France juste avant les playoffs et qui a dû faire une quarantaine. Au final, plusieurs règles n'ont pas été respectées et aujourd'hui, on se retrouve en finale des playoffs et nous sommes pénalisées. C'est difficile car sportivement, si on prend la réalité de terrain, je pense qu'on mérite d'être championne. Je le répète, on termine la saison invaincue avec un 20/20. Si on compare, Namur a perdu 6 fois cette saison. C'est dingue!"
"Je suis dégoûtée! Nous sommes invaincues et on méritait d'être championne"
Finalement, votre seule défaite aura été face au covid ...
"Exactement! Après, il ne faut pas non plus minimiser ce qu'à fait Namur. Depuis l'arrivée de Philippe Mestdagh à la tête de l'équipe, elle est transformée. Namur méritait d'être en finale et peut-être même d'avoir le titre. Maintenant, une finale ça se joue sur le terrain!"
Justement du côté de Namur on retrouve Philippe et Hanne Mestdagh que tu côtoies en équipe nationale. As-tu parlé avec eux ?
"Oui bien sûr! Hanne Mestdagh est une très bonne amie. Nous sommes professionnelles et nous aurions voulu que tout cela se passe sur le terrain. Il faut savoir aussi que nous communiquons énormément entre les joueuses et entre les équipes. On connaît donc la situation des autres équipes. Il faut savoir qu'à un moment, on voulait postposer la rencontre à samedi. Mais, concrètement, il était impossible tant pour Braine que pour Namur de jouer le match samedi. Il faut savoir que les contrats des joueuses se terminaient ce vendredi. Ce qui veut dire que toutes les joueuses étrangères sont déjà parties ou partiront demain matin. Tout le monde savait donc que c'était impossible de jouer samedi. C'est quelque chose qui est très difficile à vivre et Hanne Mestdagh me dit également qu'elle n'arrive pas à savourer ce titre. Mais Hanne a fait preuve de beaucoup d'humilité. Je le répète mais c'est la Fédération qui a décidé de l'issue de ce championnat et pas la réalité de terrain"
"Une finale ça se joue sur le terrain!"
Au delà du titre perdu, on comprend que la frustration est surtout dans le fait de ne pas avoir pu jouer cette finale
"C'est certain! Il faut se dire que l'on travaille toute la saison pour un objectif : être en finale et remporter le titre! On réussit à atteindre cette finale. On travaille et on se prépare pour cet évènement mais le jour J, on te dit que tu ne peux pas monter sur le terrain pour terminer le travail. Si on avait dû perdre cette finale face à Namur sur le terrain, cela aurait été très difficile. Je suis une compétitrice, je joue pour gagner des titres et la défaite aurait été difficile à avaler. Mais au moins on aurait pu aller au bout de cette saison! Ici, on stoppe tout à cause du covid et on donne le titre à Namur sans avoir joué sur le terrain. C'est frustrant et difficile à vivre!"
Désormais tu es donc en quarantaine, mais quelle est la suite désormais pour toi ?
"Heureusement, tout va bien pour moi! J'ai une bonne immunité, je suis en pleine forme et je n'ai pas contracté le covid de toute la saison. J'ai pu m'entraîner normalement et je suis en forme olympique! Les médecins de l'équipe nationale nous ont contacté car nous avons des tests à passer avec eux début de semaine prochaine. Ils nous ont donc demandé de faire attention jusque mardi donc je reste à la maison avec ma copine qui est vaccinée. Je ne vois personne et je sors juste quelques minutes par jour pour faire mon sport. Je vais respecter une quarantaine stricte jusque lundi. Mais avant de sortir, j'effectuerai un test pour ne pas mettre en danger la santé d'autres personnes. Jeudi, nous aurons un check-up médical en équipe nationale où de nouveau on nous fera passer un test. Si tout va bien, je serais de retour à l'entraînement dès vendredi"