On vous reparle ce jeudi de la polémique concernant la restauration hasardeuse de certaines oeuvres de la Collégiale Sainte-Waudru. Alors que la Ministre wallonne du patrimoine Valérie Debue attend toujours la rapport de l'IRPA, une voix s'élève aujourd'hui . C'est celle de l'ancien athlète Vincent Rousseaux. Il photographie les oeuvres de la Collégiale depuis de nombreuses années. Et pour lui, les responsabilités dans cette affaire sont partagées.
Vincent Rousseaux était surtout connu pour ses exploits sportifs. 2 fois sportif belge de l'année, 3 participations aux J.O. Le coureur de fond s'est aujourd'hui passionné pour la photographie. Et notamment la Collégiale Sainte Waudru qu'il a exploré de fond en comble, avec à la clé des photos d'une précision remarquable. L'homme a donc été touché par l'affaire de la rénovation des oeuvres, mais pour lui, les responsabilités sont partagées.
"Il y'a des responsabilités partagées" explique l'ancien athlète. "On ne peut pas tout mettre sur la Fabrique d'Eglise. Pourquoi l'IRPA n'est pas venue nettoyer ces oeuvres ? Pourquoi ne se sont-ils rendus compte de rien ? Ces oeuvres ne sont pas numérisées et donc on ne sait pas prouver si les dégradations ne sont pas antérieures. Or faudrait pouvoir prouver tout cela" poursuit Vincent Rousseau.
Le photographe a passé des heures dans la Collégiale et dispose de centaines de clichés. Dès 2015, il a constaté certains soucis, comme une petite partie de l'albâtre qui avait été mise en couleur. Aujourd'hui, il ne comprend pas comment des organismes officiels comme l'Institut Royal du Patrimoine Artistique n'ont pas numérisé les oeuvres régulièrement pour pouvoir ensuite estimer les dégâts.
"Si ce n'est pas numérisé en amont, alors on va juger sur rien ! Les oeuvres ont 500 ans ! N'ont-elles pas été nettoyées en 500 ans ? J'ai photographié des oeuvres il y'a 5 ans et on voit clairement que c'est abîmé ! Je sais qu'à côté du "Baiser de Judas", c'était abîmé avant ! "
A l'époque, Vincent Rousseau a d'ailleurs tenté d'alerter l'IRPA sans réponse. L'Institut de son côté n'a pas souhaité répondre à nos questions. Il doit à présent rendre un rapport à la Ministre wallonne du Patrimoine Valérie Debue pour mesurer l'ampleur des dégâts.
"Pour moi ils vont être juges et parties ! Ils ne viennent pas nettoyer les oeuvres et ne s'intéressent pas à un site classé. Pourquoi n'y a til pas un processus de nettoyage des oeuvres ? Et on pourrait poser la même question à la Fédération Wallonie-Bruxelles! "
Dans un pré-rapport transmis ce jeudi à la Ministre, l'IRPA évoque 2 éléments:
"En ce qui concerne les parties poncées, le ponçage d’une surface entraine par conséquent une perte plus au moins considérable de matière. Cette action est irréversible et ne peut jamais avoir lieu sur les matières originales d’une oeuvre d’art.
Les peintures utilisées de couleurs blanche, crème, or et noir semblent en acryliques. Les peintures acryliques ont la particularité de sécher très vite. La peinture ne semble pas avoir été absorbée par les couches de peintures sous-jacentes, ni par le support (bois, pierre ou enduit). Les peintures acryliques peuvent généralement être solubilisées. Des tests de solubilité devront être entrepris sur chaque élément qui est repeint pour s’assurer que les couches sous-jacentes ne soient pas endommagées. Le retrait des peintures dorées sur des dorures anciennes risque d’être particulièrement délicat."