Un seul mégot de cigarette peut à lui seul polluer 500 litres d'eau. C'est ce constat alarmant qui a décidé un Hautrageois à lancer l'asbl MégOcean. Celle-ci place des cendriers fabriqués maison dans différents endroits pour récolter des mégots. Ils sont ensuite transformés d'une façon étonnante par une petite start-up bruxelloise. Regardez!
Une fois par mois, c'est jour de ramassage pour Xavier Viseur. Armé de gants et d'un masque de protection, il va vider les cendriers placés à l'extérieur de l'Administration communale de Mons. Objectif, récolter les mégots laissés tant par les agents que par le public. Si cet Hautrageois s'est lancé dans une telle quête, c'est pour une bonne raison.
« Quand je pense qu'un mégot peut polluer plus de 500 litres et là j'ai dépassé mes 100.000 mégots ramassés... Faites le compte ! Ce me motive car multipliez 100.000 par 500 litres d'eau, ça évite d'aller polluer les océans », explique Xavier Viseur, Président de l’ASBL Mégocéan.
Pour récolter les mégots, il a confectionné lui-même des cendriers spéciaux. Il a fallu penser à tout, histoire de tenter d'éviter les indésirables. Et pourtant...
« On a un cendrier avec un trou de 30mm mais on a encore dû descendre pour empêcher de mettre trop de déchets et c'est du tri à la maison tout ça ! » poursuit Xavier Viseur.
Après avoir soigneusement nettoyé les cendriers, direction la maison pour cette séance de tri. Une étape peu ragoûtante mais indispensable.
« On va nettoyer, trier et puis compter. Les clients savent ainsi combien de mégots ont été récoltés. Ça motive car on peut afficher le résultat près des cendriers pour sensibiliser car l'objectif c'est aussi de sensibiliser aux produits néfastes des mégots » insiste Xavier Viseur.
Des produits néfastes mais pas pour tout le monde... Car si Xavier trie aussi méticuleusement les mégots c'est pour pouvoir les valoriser. Car oui, le mégot est recyclable d'une façon assez étonnante...
« Ces mégots sont traités en laboratoire avec des champignons qui vont digérer le mégot et les polluants. On même temps, les champignons poussent dessus et on va fabriquer un nouveau matériau, en l'occurence un cendrier pour sensibiliser les fumeurs à la pollution générée par les mégots! » explique Audrey Speyer, Fondatrice et CEO de Purifungi.
C'est en fait, le mycélium, la partie souterraine du champignon qui agit pour véritablement manger les mégots et leur donner une nouvelle vie, en plusieurs étapes.
« On a la fin du traitement avec le format définitif du cendrier. Là, les champignons ont complètement digérés les mégots et on a cette matière légère qui résiste au feu et à l'eau, et qui peut être réutilisée », détaille l'entrepreneuse.
L'idée de cette réutilisation avait été présentée au Festival de Dour en 2019. Depuis, une entreprise a été fondée et détient un brevet qu'Audrey continue de développer avec notamment l'apport des mégots ramassés par Xavier. Ensemble, ces petites gouttes contribuent chacune à leur échelle au recyclage d'un déchet dont personne ne veut.