A Petit-Wasmes, le site de l'ancien charbonnage de Marcasse accueillait ce samedi un événement mettant à l'honneur la population algérienne venue dans les années 50 et 60 pour travailler dans les mines. Et plus particulièrement les épouses de ces mineurs, dont le parcours de vie est moins souvent raconté...
C'est autour de thé et de pâtisseries traditionnelles que les familles belgo-algériennes se sont réunies ce samedi sur le site de Marcasse. Les Algériens, comme les Italiens ou encore les Marocains sont nombreux à avoir quitté leur pays dans les années 50 et 60 pour venir travailler dans les mines, en Belgique. Et si on parle souvent des mineurs, on parle beaucoup moins de leurs épouses qui restaient bien souvent à la maison avec leurs enfants. Entre la solitude et la peur, leur quotidien était loin d'être facile.
"Je remercie les Belges qui nous ont accueillis, qui avaient du travail, mais c'était très dur. Mon mari me disait toujours "C'est très dur la mine, je descends mais je ne sais pas si je vais remonter ou pas". On avait peur de ça, parce que je me disais "S'il arrive quelque chose, qu'est-ce que je dois faire ici, toute seule ?" " Kenza Bouchikri, veuve d'un mineur
Si Kenza parle avec beaucoup d'émotion de son passé, pour Ahmed, les souvenirs sont moins douloureux. Lui était mineur, un métier pénible, mais ce n'est pas ce qu'il en retient. Il se souvient surtout de la solidarité, et de la camaraderie dans les charbonnages.
"La première fois qu'on descend dans un charbonnage, c'est difficile. Mais après, quand on est habitué, non, c'était normal... Un petit peu dur mais nous on était contents. On était bien avec les camarades. Il y avait des Belges, des Italiens, des Polonais... On était tous ensemble comme des camarades." Ahmed Kelai, ancien mineur
Pour honorer ces hommes et ces femmes qui ont fait preuve d'abnégation et de résilience, l'ambassadeur d'Algérie avait fait le déplacement. Il a tenu à saluer leur courage mais également leur capacité à s'adapter.
"Ils ont su s'adapter, non seulement dans une société étrangère à leurs mœurs, mais aussi aux conditions de travail qui sont loin des conditions de travail rurales, dans les champs etc. Donc il y a eu une adaptation rapide, aussi grâce au bon accueil du peuple belge, à son ouverture. La société belge, c'est une société d'accueil, de convivialité, de respect des diversités." Mohamed El-Amine Bencherif, ambassadeur d'Algérie en Belgique
En plus de s'adapter, les familles algériennes ont réussi à s'intégrer dans la société belge. Une intégration d'autant plus importante pour la 3e génération, les petits-enfants des mineurs.
"Eux ont deux richesses : la Belgique et l'Algérie. On a vraiment envie de garder cette richesse activement et ne pas la laisser s'éteindre. On a vraiment envie que nos enfants se reconnaissent et soient fiers d'eux, surtout qu'aujourd'hui nos enfants ils sont totalement intégrés, ils travaillent. Comme vous avez pu l'entendre, on a des médecins, des avocats, des ingénieurs..." Fousia Henini, membre de l'organisation
Les petits-enfants et enfants des mineurs voulaient aujourd'hui les remercier. Pour les mettre à l'honneur, différents discours ont été prononcés. En plus de la convivialité, l'émotion était donc au rendez-vous !