Nouvelle manifestation des agriculteurs ce mercredi à Bruxelles. Ils ont bloqué une partie du quartier européen, avec toujours les mêmes revendications: ils dénoncent l'accord de libre échange entre l'Europe et l'Amérique latine. Un accord jugé déloyal aussi par Philippe, agriculteur à Blaugies....
Des rues de Bruxelles prises d’assaut par des agriculteurs venus de partout en Belgique. Ces hommes et ces femmes veulent se faire entendre… Chez nous, à Blaugies, Philippe n’a pas pu se rendre à cette manifestation. Du travail l’attendait dans ses champs, mais le coeur était avec ses camarades.
"Ce n’était pas possible pour moi d’y aller aujourd’hui, mais bien sûr que je suis solidaire avec tous ceux qui manifestent là-bas. Il faut se maintenir et se montrer, sinon on a l’impression qu’on nous oublie au niveau des politiques"
Ne pas être oublié, car cet accord Mercosur qui crispe les agriculteurs, lui, ne l’est pas. Toujours en négociation, il ouvre la voie au libre échange entre l’Union-européenne et les cinq pays du Mercosur, comme le Brésil et l’Argentine. Ça concerne le poulet, la viande bovine ou encore le sucre.
"Il faudrait des clauses miroirs surtout pour les produits qui entrent en Europe. Ce n’est pas possible de manger des bons produits européens, de la meilleure agriculture du monde et à côté de ça de faire importer des produits qui n’ont pas les mêmes normes. Il y a un ras-le-bol complet des agriculteurs. Nous, on produit avec des règles strictes et on se fait encore presque mal voir, alors que là-bas on produit n’importe comment, puis on importe et là personne n’en parle. Il n’y a pas de publicité pour ça ! "
Des produits importés avec des normes bien inférieures aux européennes. Des produits qui vont arriver en masse et qui seront moins chers. Les agriculteurs dénoncent une concurrence déloyale qui se fait déjà ressentir alors que cet accord n’est pas encore signé. La société qui rachète les betteraves sucrières de Philippe lui a déjà demandé de réduire ses productions pour l’an prochain.
"Il faudra emblaver presque 30% en moins de betteraves. Ils anticipent déjà l’arrivée du sucre sur le marché. Je vais devoir mettre autre chose à la place. Je cherche encore quoi… sans doute des céréales, mais au prix actuel ça ne rapporte pas grand chose. C’est encore un moindre revenu pour ma ferme…"
Aujourd'hui, ces hommes de la terre sont dépités de voir cet accord encore sur la table malgré les nombreuses conséquences. Dépités, mais pas encore résignés. Et Philippe l’assure, à la prochaine manifestation, il compte bien porter son combat…