Suite de notre série sur les revendications des différents secteurs, à la veille des élections. Aujourd'hui, place au monde agricole. Chose exceptionnelle, les agriculteurs ont manifesté en début d'année contre différentes mesures. Où en sont-ils aujourd'hui ? Réponse avec deux secteurs différents.
Février 2024, les agriculteurs sont en colère. Parmi leurs revendications : la révision du calendrier imposé par l'Europe pour leurs différents travaux. Une situation intenable. Exemple concret.
« Les couvertures de sol doivent être implantées pour le 15 septembre ; Mais si la moisson a été retardée, c’est impossible. Si les conditions climatiques ne sont pas là on ne sait pas respecter la date » souligne Patrick Pype, président local de la fédération wallonne de l'Agriculture (FWA)
Au-delà de la fin de l'agriculture de date, les agriculteurs mettent aussi en avant la paperasserie administrative à laquelle ils sont confrontés. Il y a eu des avancées mais aujourd'hui il faut concrétiser. En attendant, le travail aux champs se poursuit en assumant des charges qui augmentent.
« On est confronté à des augmentations de prix importantes : les semences, ; les produits phyto ou les engrais mais surtout le matériel. Il a pris 50% en 3/4 ans » indique Patrick Pype.
Des augmentations qui entravent la rentabilité des exploitations. Dans le maraîchage, bio notamment, les conditions sont différentes. Pas de grosses machines. C'est le coût de la main d'oeuvre qui pose problème.
« La main d'oeuvre est impayable pour nous sur des petites surfaces, en maraîchage bio. Donc on se limite. On fait ce qu'on peut avec les moyens qu'on a » indique Philippe Carré, maraîcher bio depuis 15 ans.
Si l'on y ajoute la difficulté d'accéder à la terre et la diminution de la demande, le tableau est loin d'être rose.
« Il y a 16% de terres qui ont été retirés de la certification car la demande n'est plus là ! Le rendement de l'agriculture bio est moitié moindre que celui de l'agriculture conventionnelle » poursuit le maraîcher.
Même si leurs situations sont différentes, tous ceux qui travaillent la terre se rejoignent sur les lignes directrices que devraient suivre les politiques.
« Le pouvoir politique a pour responsabilité d'assurer la fourniture en eau, en air et en nourriture de la meilleure qualité. Mais si l'agriculture bio diminue, c’est assez inquiétant » souligne Philippe Carré
« Si on veut à la fois une alimentation saine, un environnement préservé et un niveau de vie respectable pour l’agriculteur, il faut revoir la copie » conclut Patrick Pype.
Une copie à revoir en y ajoutant pour le secteur bio la nécessité d'accentuer la communication sur la différence entre le local et le bio.