Les agriculteurs ont bloqué l'autoroute à la frontière entre la Belgique et la France à Hensies. Ils désirent montrer leur colère contre le traité de libre-échange du Mercosur, qu'ils dénoncent comme une concurrence déloyale.
Le sommet du Mercosur se tient actuellement en Uruguay pour discuter du traité de libre-échange entre l'Union européenne et plusieurs pays d'Amérique du Sud. En marge de celui-ci, la Fédération des jeunes agriculteurs et les agriculteurs belges ont mené de nombreuses actions de blocage sur nos routes, pour protester contre ce traité dont ils dénoncent la concurrence déloyale. C'était le cas hier soir et encore aujourd'hui sur l'autoroute à Hensies, le long du poste frontière avec la France.
Menés par la Fédération des jeunes agriculteurs (FJA), les agriculteurs belges manifestent contre le traité de libre-échange du Mercosur. Au plus fort de leur action à Hensies, ils étaient 150 mercredi soir. Jeudi en début d'après-midi, ils sont encore une vingtaine à bloquer la E19 reliant la Belgique à la France. "On manifeste notre colère parce qu'il y a 9 mois on l'a déjà fait à Hal et on se rend compte que peu de choses ont bougé, explique Tim Beeckman, vice-président de la section Merbes-Binche de la FJA. Certaines choses ont bougé mais le Mercosur nous fait peur".
Le Mercosur, c'est une alliance de pays d'Amérique du Sud avec laquelle l'Union européenne est en train de négocier un traité de libre-échange. D'après la FJA, ce traité constituerait une véritable concurrence déloyale pour nos agriculteurs. "On nous demande de produire plus vert que vert et on le fait, à force de normes et de contrôles, lance Arnaud Reynens, vice-président de la FJA. Et là on ferait venir de l'autre bout de la planète des produits qui ne respectent pas du tout ces normes et demandes spécifiques pour l'environnement". Tim Beeckman poursuit : "En Amérique du Sud, il y a beaucoup de choses qui ne sont pas légales par ici. Importer de la viande avec des normes moins élevées que les nôtres, nous ne l'acceptons pas".
Après une année 2024 plus que compliquée pour les finances des agriculteurs, ce traité est la goutte d'eau qui peut faire déborder le vase. "Il n'y aurait pas de contrôle à l'entrée de nos frontières et surtout plus de droits de douane, tranche Arnaud Reynens. Par conséquent, ces produits qui sont déjà moins chers à l'heure actuelle que les nôtres, rentreraient sans frais de douane, inonderaient le marché et feraient baisser les prix. On vendrait alors nos produits à perte". Tim Beeckman : "Là-bas la viande est à moindre prix tandis que chez nous les coûts sont bien présents. Déjà que notre trésorerie ne se porte pas bien, s'ils arrivent avec de la viande moins chère on y arrivera pas".
Les agriculteurs désirent que leurs fermes puissent continuer à tourner et à produire de la qualité. Par ses actions de blocage à travers le pays, la FJA veut se faire entendre par l'Europe en montrant son total désaccord avec le traité. "On voudrait déjà pouvoir en voir le contenu, dit Arnaud Reynens. Est-ce qu'il sera vraiment signé ? On ne sait pas et surtout on n'espère pas". Tim Beeckman : "Je pense qu'il y a plus de chances que ce traité passe. Mais comme la Wallonie aimerait bien, si accord il y a, ce doit être avec des clauses miroirs : il faut respecter la même qualité et les mêmes normes que chez nous. Parce que les contrôles en Belgique sont titanesques".
Quelle est justement la position de la Belgique quant à ce traité ? Arnaud Reynens nous répond : "En Belgique c'est compliqué parce qu'on n'a toujours pas de gouvernement. La Wallonie s'y est opposée mais la Flandre serait plutôt en faveur. On attend que le Fédéral se constitue pour avoir une réponse. Si pas ce serait une abstention, mais qui ne nous arrange pas du tout".
Le barrage sur l'autoroute devrait être levé à 22h, après avoir duré 24h.