Nous poursuivons notre série sur les revendications des différents secteurs à la veille des élections. Aujourd'hui, focus sur le monde judiciaire. Le constat est général, magistrats et avocats dénoncent un manque de moyens financiers, matériel et humains avec pour conséquence une justice qui est de moins en moins accessible à tous.
Mars 2024, le personnel judiciaire manifeste sur les marches du palais de justice de Mons. Trois mois plus tard, à la veille des élections, les revendications sont toujours les mêmes à commencer par un manque de personnel.
« Le cadre du Parquet de Mons et Tournai, c'est 48 personnes. En tout c'est 200 personnes. Le travail est gigantesque et on n’est à l'heure actuelle 37 » indique Vincent Macq, Procureur du roi du Parquet de Mons-Tournai.
A ce manque de personnel s'ajoute une informatisation toujours à la traîne...
« On était à l'âge de la pierre il y a quelques années, on est aujourd'hui au Moyen-Age. Il a encore des gens qui encodent trois fois les mêmes données, qui transportent des dossiers papiers. Tout est lourd et lent » poursuit le procureur.
Avec ces deux premiers éléments, vous obtenez un arriéré conséquent. Quant à l'état déplorable des lieux de justice, il ne facilite pas la tâche des travailleurs du monde judiciaire et livre une image dégradée de l'institution aux justiciables.
« Vous passez devant le juge pour un problème d'immeuble insalubre et vous arrivez devant un palais de justice insalubre, ça laisse songeur ! Il est urgent de rendre à la justice une image qui marque son importance et de permettre aux travailleurs de travailler dans des conditions décentes et aux justiciables d'être accueillis dignement » souligne Vincent Macq
Du côté des avocats, on appuie évidemment ces revendications et on enfonce le clou en ajoutant l'état déplorable des prisons.
« La prison de Mons est dans un état dramatique. Il y a un mouvement actuel de saisie sur la prison de Forest car l'Etat belge a été condamné à plusieurs reprises et ne paient pas ses astreintes » souligne Valérie Dehon, Bâtonnier de l'ordre des avocats de Mons.
Toujours côté argent, les avocats dénoncent l'application d'un taux de TVA de 21% sur leurs honoraires et une difficulté pour les revenus moyens d'avoir accès à l'aide juridique. Pour couronner le tout, les avocats qui agissent dans le cadre de l'aide sont payés avec beaucoup de retard.
« L'avocat fait ses prestations, assume ses charges mais il perçoit l'indemnité de l'état pour ses dossiers d’aide juridique 1 an ou un an et demi plus tard ! » s'indigne Valérie Dehon
Vous l'aurez compris, les revendications du monde judiciaire sont nombreuses.
« On demande au prochain gouvernement d'être plus attentif aux justiciables, à la situation des avocats et à nos revendications que l'on a déjà exprimées, que les cadres soient remplis , que l’on nous écoute ! » conclut Valérie Dehon.
« Dans le programme des partis francophones tous sont d'accord pour dire qu'il faut réinvestir dans la justice. Les chiffres vont de 200.000 millions à 1 milliard ; Aucun n'a tort et il faut plus s'approcher du milliard » souligne le Procureur du Roi.
Pour le monde judiciaire, il en va de la sauvegarde de notre démocratie.