Nous avons été invités à aller voter avec Arnaud Delannoy qui travaille pour l’asbl les amis des aveugles de ghlin et qui est lui-même malvoyant. Pour les personnes porteuses d’un handicap, aller voter demande énormément d’organisation.
Le vote a beau être obligatoire pour tous les citoyens, il est clair que pour certains c’est plus compliqué.
Arnaud Delannoy est parfaitement autonome. Il travaille, vit seul. Comme tous les belges, il tient à faire son devoir de citoyen. Il s'est informé du programme des candidats via internet, bien qu'ils n'y soient pas tous disponibles, il a à coeur d'aller voter. Pourtant, un obstacle majeur se présente avant même de faire son choix : la convocation ne présente aucun signe distinctif avec des papiers publicitaires. D'habitude, les papiers officiels ou les factures sont envoyés dans des enveloppes avec une petite fenêtre de plastique. Un détail pour la plupart d'entre nous mais un repère très important pour les personnes déficientes visuelles. La convocation peut alors être confondue et jetée et demander un duplicata nécessite de se déplacer jusqu'à l'administration communale ce qui entraine des coûts.
Un système qui ne permet pas d'être autonome
Arnaud va se rendre à son bureau de vote accompagné de ses voisins. Ils s'entendent à merveille et Joël, son voisin de pallier, se fait un plaisir de l'aider comme il l'a déjà fait lors du scrutin de juin dernier. Mais pour Arnaud, très attentif à son autonomie, c'est pesant de devoir demander de l'aide pour un acte administratif qu'il pourrait faire seul avec un peu d'adaptations.
Les présidents de bureaux lui permettent généralement d'être accompagné ou peuvent eux-mêmes apporter une assistance mais en l'absence de technologie adaptée comme une audio description des listes ou un moyen de vote électronique préalable, il doit donc faire confiance à son accompagnateur qui le suit dans l'isoloir et lui décrire pour qui il souhaite voter.
Joindre la théorie à la pratique
Le SPF Intérieur insiste sur l'importance de rendre les bureaux de vote accessibles aux personnes en situation de handicap. Les recommandations concernent à la fois l'accès aux locaux (trottoirs sans obstacles, places de parking réservées, rampes pour éviter les escaliers) et l'aménagement intérieur (portes larges, isoloirs adaptés, signalétique pour déficients visuels ou mentaux, etc.).
Bien que des efforts soient faits pour améliorer l'accessibilité, notamment dans les écoles souvent utilisées comme bureaux de vote, de nombreux bâtiments présentent encore des défis, avec seulement 10 % des écoles entièrement accessibles. Cependant, les communes veillent généralement à ce qu'au moins un bureau de vote soit adapté aux besoins des électeurs en situation de handicap. D'autres encore feront la demande d'une procuration mais comme Arnaud Delannoy le déplore : " Je crains que de nombreuses personnes porteuses d'un handicap ne souhaitant pas faire appel à quelqu'un ou découragés par les démarches remettent un certificat médical et n'aillent tout simplement pas voter."