Aujourd'hui c'est l'effervescence à Binche, Après deux années sans carnaval, les Gilles retrouvent leur folklore. C'est évidemment l'émotion qui domine notamment pour Pascal Lecomte, cafetier montois qui depuis 6 ans est Gille à Binche. Nous avons assisté à sa transformation, aux lueurs de l'aube.
Tout commence vers 4 heures du matin dans une maison binchoise. Première étape, vérifier que tous les accessoires du célèbre costume de Gille soient rassemblés. Ensuite direction la cave pour la transformation. Chez Pascal, l'heure est plutôt à l'anxiété...
« Depuis les soumonces, je suis anxieux de voir comment cela va se passer. Là je dois avoir 32 de tension ! » sourit Pascal Lecomte, cafetier à Mons et Gille à Binche.
Mais pas de panique, Bernard est là pour le rassurer. C'est lui qui est chargé de faire de Pascal un Gille. Tout un art qui commence par la réalisation de torquettes de paille, deuxième étape.
« La torquette doit être de bonne dimension et qu'elle ne soit pas trop compressée pour que le gille soit à l'aise dans son costume » explique Bernard Renaud, bourreur de gille.
Le rôle du bourreur est essentiel. C'est sur lui que repose le confort du gille.
« Le bourreur prend soin de nous. Il demande si ça va ou pas, si on est pas trop compressé » indique Pascal Lecomte.
Peu à peu l'émotion monte. La transformation se poursuit. Le costume est enfilé, le bourrage terminé. Place aux premiers accessoires : la ceinture qui retient la paille, la collerette qui parachève le tour de cou et les indispensables sabots, qui claqueront sur les pavés. Pascal est presque prêt.
A l'étage, le bourreur doit encore serrer l'apertintaille, la ceinture de clochettes qui enserre la taille du gille. La métamorphose touche à sa fin...
« Ce n'est pas vraiment la touche finale. La touche finale, c'est le grelot » précise Bernard Renaud.
« Mettre le grelot, ça c'est le plus beau moment pour moi » indique toute émue Michèle Saquet, femme de gille.
Reste à déboucher le champagne en attendant l'indispensable musique. Dans la maison où 4 hommes sont devenus gilles, le tamboureur vient d'arriver. La première aubade matinale est jouée, la fête peut commencer, avec un accent particulier pour la société de Pascal.
« Nous fêtons notre 100ème anniversaire. C'est donc plein de fierté que je fais le gille » souligne Léon Briquelet, Vice-Président de la société royale Les Indépendants.
La première sortie, à l'air libre fait enfin baisser la tension. Pascal et sa femme vont profiter de leur carnaval, un moment attendu après deux éditions annulées.
« On fait les fiers, on essaie de faire les forts mais ça nous a manqué et ça prend ! » souligne Michèle Saquet.
« C'est quand on part que le stress disparaît. Quand on est en convivialité, c'est magnifique ! », conclut Pascal Lecomte.
La convivialité c'est bien sûr l'ingrédient essentiel du folklore, quel que soit sa région. D'ailleurs pour Pascal impossible de choisi entre Doudou et carnaval...