Place à l'histoire. Celle de personnes venues d'Afrique, d'Océanie, des Amériques et parfois d'Europe et qui ont été exhibées en Occident pendant près de cinq siècles. Ce que les Occidentaux appelaient "les sauvages" étaient exhibés dans des spectacles, des expositions et des zoos.
C'est à travers ce prisme que des millions de Belges et d'Européens ont forgé leur regard sur les peuples colonisés. La « plateforme décolonisation des esprits et de l'espace public » propose une exposition itinérante à la Maison Folie pour renseigner sur ce passé tragique.
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"On va présenter l’histoire des zoos humains. Pendant cinq siècles en Occident, on a exposé des êtres humains, des peuples colonisés qui ont été présentés dans des expositions universelles, dans des spectacles, des cirques et des zoos. La population occidentale s’est forgé son idée des peuples colonisés en allant voir ces spectacles. Ils sont aujourd’hui assez choquants puisque les personnes qui étaient exhibées étaient mises derrière des barreaux, présentés comme des cannibales et on pouvait parfois leur jeter des cacahuètes et des bananes" raconte Gilles Colmant, guide et membre de la "plateforme décolonisation des esprits et de l'espace public".
C’est avec ces mots que débutent l’exposition sur les zoos humains et l’invention du sauvage. À l’initiative de la Fondation Lilian Thuram, elle est portée par la "plateforme décolonisation des esprits et de l'espace public" qui a pour objectif de lutter contre le racisme.
"Cette lutte, on voulait la prendre avec la question de la décolonisation. C’est pour ça que l’exposition "zoos humains" nous paraissait être un chouette outil de sensibilisation et de déconstruction de toute une série de préjugés que l’on peut avoir malgré soi autour de la question du racisme" explique Samuel Thirion, membre de la "plateforme décolonisation des esprits et de l'espace public".
Dans cette exposition itinérante qui se veut pédagogique et didactique, les visiteurs peuvent se plonger dans 400 oeuvres inédites. Affiches, photographies ou documents originaux, des guides retracent l’histoire de 1492, là où tout a commencé, jusqu’à la fin des années 1950.
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"Sur l'un des tableaux, on peut retrouver le cas d'Ota Benga qui est un jeune pygmée du Congo belge. Il a été exposé aux États-Unis à l'âge de 19 ans. Il s'est suicidé à l'âge de 33 ans. Je parle de ce congolais parce que la Belgique a été un grand acteur de l'exposition universelle "zoos humains". Pour légitimer sa colonisation auprès du Congo, l'État belge a reconstitué un village congolais à Tervuren. D'ailleurs, c'est tragique car 7 personnes sont décédées suite à cette exposition. À l'époque, les Belges ne se souciaient pas des conditions de vie de ces personnes exhibées. Ils étaient émoustillés à l'idée de rencontrer des sauvages" relate Jean Paul ll Foki, guide et membre de la "plateforme décolonisation des esprits et de l'espace public".
La volonté des organisateurs est de partir de cette histoire tragique, de débattre et de se questionner sur nos comportements actuels. L'exposition se tiendra à la Maison Folie du 28 octobre au 12 novembre prochain.