La météo aura plus qu'embêté les apiculteurs cette saison. Alors qu'elle a déjà fortement impacté les récoltes de miel cet été, elle vient à présent perturber l'hivernage des abeilles. Et comme si ce n'était pas suffisant, les apiculteurs doivent toujours redoubler de vigilance face aux frelons asiatiques.
Avant de laisser ses colonies d'abeilles tranquilles pendant plusieurs mois, Pierre Caprasse termine de préparer ses ruches pour l'hivernage. "Normalement ça devrait être fini mais avec la bonne météo actuelle, les abeilles continuent de bouger alors qu'elles devraient être complètement en mode hivernage, explique l'apiculteur. Il faut par conséquent continuer à surveiller les réserves et s'assurer qu'elles ne descendent pas trop. Pour que les abeilles puissent tenir jusque mars ou avril ".
Pierre espère qu'il connaîtra une meilleure récolte de miel que cette saison. Si notre région a été moins impactée que Liège ou le sud de la France, elle n'a pas pour autant été épargnée par la météo. "On a eu affaire à de mauvaises récoltes, clairement, lâche notre interlocuteur. Elles sont très variables de ruchers en ruchers. On varie entre 30 et 40% d'une année normale. Il a fait pluvieux tout le temps donc les nectars ont été lavés des fleurs et les abeilles n'avaient rien à récolter. Il a fallu les nourrir une bonne partie de l'année".
Actuellement, les apiculteurs font face à un autre danger : les frelons asiatiques. En période de reproduction, ils ont un gros besoin de protéines et risquent de décimer les colonies. François Fleuru, également apiculteur, en sait quelque chose puisqu'il y a trois ans il a perdu 10 de ses 12 ruches. "Les frelons asiatiques s'emparent des abeilles et les découpent en trois parties pour ne prélever que le thorax qui est plus riche en protéines, détaille-t-il. Avec ça ils vont nourrir les larves, qui en échange, vont sécréter un liquide sucré qui va nourrir le frelon adulte". Les frelons posent véritablement un gros problème, comme c'est le cas sur le rucher communal de Colfontaine dont s'occupe Pierre Caprasse. "On y compte trois ruches alors qu'il y a un mois il y en avait quatre, indique-t-il. Il y en a une qui a complètement été vidée en une semaine. On a repéré le nid hier, qui se trouve un peu plus loin. Il est énorme. On va le déclarer à la Région wallonne et la section apicole des Hauts Pays viendra le détruire dans quelques jours".
Si la seule réelle solution est la destruction des nids, des pièges sélectifs avec appât peuvent être installés. Ils servent cependant surtout de jauge pour mesurer la présence du frelon. Enfin, des systèmes de défense existent aussi. Comme les réducteurs d'entrée pour empêcher les frelons de pénétrer dans la ruche. Ou encore les muselières en tubes. "Elles permettent aux abeilles d'être moins stressées en présence de frelons, parce qu'elles n'ont pas de vision directe sur l'extérieur, raconte François Fleuru. Si vous ne mettez uniquement qu'un réducteur d'entrée, les abeilles vont se masser sur la planche d'envol et vont défendre la ruche. Mais ce qu'il va se passer c'est qu'il n'y a plus d'abeilles qui vont sortir pour chercher du nectar et du pollen. Ce qui signifie qu'il n'y a plus d'apport de nourriture. Et en fin de saison votre colonie s'effondre".
Pour aider les apiculteurs, n'hésitez pas à les alerter si jamais vous voyez un nid. Avec la chute des feuilles ils sont moins compliqués à apercevoir.