Depuis plusieurs semaines, la fermeture probable de l'usine Audi de Bruxelles fait l'actualité. Ce matin, on apprenait que les travailleurs avaient confisqué les clés des voitures fabriquées et en cours de fabrication. Nous avons eu l'occasion de rencontrer un travailleur de l'usine, qui avait déjà connu la faillite de VW, et un ancien délégué syndical de VW.
Il porte les anneaux symbolique de la marque de son employeur actuel. Après avoir connu la faillite de VW en 2006, Patrick a fait le choix de rester chez Audi à la logistique.
« Ayant une famille nombreuse, j'ai décidé de rester. C'était difficile car on a perdu beaucoup de camarades. J'ai fait le choix de rester. Je pensais qu'avec les années ça allait tenir. Ça fait 18 ans quand même » indique Patrick Silia, travailleur chez Audi et ex-travailleur de VW.
18 ans avec des hauts et des bas. Il y a d'abord eu la fabrication d'un petit modèle avec des volumes importants et puis le passage à un modèle électrique. Le personnel a suivi, s'est adapté et puis le 9 juillet dernier tout a basculé, soudainement.
« On a eu un coup de massue. On savait qu'il y avait des problèmes dans l'entreprise mais pas à ce point, pas si tôt » souligne le travailleur.
Le plan actuel prévoit le licenciement des travailleurs petit à petit. 1500, sur les 2900 devraient partir pour fin octobre. Mais tout le monde est dans le flou.
« Si les 1500 doivent partir, ça représente près d'une personne sur deux ! On ne sait pas qui, pas comment. On veut du concret ! La direction dit qu'elle cherche un repreneur mais qui, quoi, comment. On ne nous dit rien ! » s'indigne Patrick Silia
Comme ses collègues, Patrick a donc décidé de ne pas reprendre le travail. Aujourd'hui, il attend le début des négociations et surtout l'arrivée d'un éventuel repreneur.
« Je l'espère de tout mon coeur, pour ceux en fin de carrière mais surtout pour les jeunes ! C'est dur de trouver du boulot pour eux. J'espère mais la balle n'est pas dans notre camp » poursuit Patrick.
Sur l'avenir d'usines d'assemblage automobile en Belgique, Claude Dufrasne est sceptique. Il a travaillé pour Citroën, pour VW avant d'exercer des fonctions au sein d'un syndicat. Dès la reprise de VW par Audi, il avait des doutes.
« J'ai toujours pensé que la reprise était un laboratoire pour voir comment lancer la voiture électrique. Je n’étais pas convaincu que l'entreprise resterait longtemps à Bruxelles » souligne -t-il.
L'annonce de la fermeture probable ne l'a donc pas étonné. Il déplore la disparition d'un secteur économique qui a été un fleuron. A une époque, la Belgique était le pays qui produisait le plus de voitures par rapport à son nombre d'habitants.