C'est quelque chose qu'elle aurait souhaité ne pas subir : en l'espace de quelques mois, Aurélie a été victime de deux faillites d'entreprises qui travaillaient dans sa maison. C'est une sacrée somme d'argent qu'elle risque de ne plus revoir. Témoignage et conseils sur les démarches à entreprendre pour éviter ce genre de mésaventure.
C'est plus qu'une mésaventure qu'a rencontrée Aurélie, en perdant près de 10.000 € d'acomptes, à cause de la faillite de deux entreprises devant réaliser des travaux chez elle. La première a lieu en mai et concerne des travaux de maçonnerie et d'encadrements. "Un vendredi, très satisfaite de l'avancement des travaux réalisés par le maçon qu'on m'avait conseillé, je règle le dernier acompte qu'il m'envoie, rembobine Aurélie Vandekerckhove. Il m'avait dit qu'il reviendrait la semaine d'après pour terminer un seuil mais il n'est jamais revenu. J'avais beau l'appeler, il ne me répondait pas au téléphone, et sur place il n'y avait plus personne".
En se rendant sur le site web de la Banque Carrefour des Entreprises (BCE), Aurélie réalise que son maçon est en faillite. La pilule est dure à avaler mais cela ne s'arrête pas là pour autant. "Pendant qu'on démolissait des murs j'avais fait les démarches pour commander une cuisine équipée, raconte-t-elle. Je voulais faire fonctionner une petite entreprise de la région, avec de bons échos de mes voisins. Ce patron est venu plusieurs fois pour prendre les mesures et m'a bien conseillé par rapport au placement des meubles. Normalement la cuisine devait être installée pour octobre". En septembre, sans nouvelles et sans parvenir à joindre son cuisiniste, celle qui est infirmière découvre que lui aussi est en faillite.
Ce sont 2000 € pour le maçon et 7000 € pour le cuisiniste qui partent en fumée. Aurélie a pris contact avec les curateurs mais ne figure pas dans les créanciers prioritaires. "J'ai rempli un dossier des deux côtés avec les preuves de paiements. Je suis dans l'attente. Mais on me dit clairement que je passe en tout dernier et qu'il n'y a que très peu de chances que je récupère cet argent-là".
Nous nous sommes tournés vers Embuild Hainaut, fédération patronale de la construction, pour savoir quelles démarches entreprendre, en plus du bouche à oreille, pour éviter de se retrouver dans ce genre de situation. "Avant de démarrer les travaux, il faut vérifier sur la BCE si l'entrepreneur a les accès à la construction, ce qui est encore une obligation en Wallonie, éclaire Murielle Brynart, directrice d'Embuild Hainaut. Il faut vérifier s'il a des dettes sociales fiscales, c'est un bon indice que tout le monde peut chercher sur le portail de la sécurité sociale. Et enfin, il est recommandé de travailler avec un système de facturations mensuelles et pas obligatoirement par acomptes".
Dans le Hainaut, il y a eu environ 170 faillites dans le secteur de la construction entre août 2023 et août 2024. "Ce qui représente une toute petite augmentation par rapport à la même période de l'année précédente, précise Murielle Brynart. Mais il ne s'agit pas d'une situation gravissime pour autant. La situation est bien plus critique du côté néerlandophone, avec un nombre exponentiel de faillites, dû en partie au fait que les accès à la profession en gestion et technique ont été supprimés là-bas". En Wallonie, les faillites sont expliquées par des causes plus générales. Comme l'augmentation du prix des matériaux et du coût de la main d'oeuvre. Ainsi que la crise énergétique.